Après le tournage, que deviennent les rushes ?

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Depuis une dizaine d’années, les méthodes de production de long-métrages ont été bouleversées avec l’avènement du numérique. La pellicule a peu à peu laissé sa place au disque dur, autant sur le tournage qu’en post-production.

En effet, l’organisation du montage du film et de toute la post-production a dû s’adapter aux nouveaux outils électroniques.

De nos jours, les étapes de traitement des rushes ont donc bien changé. Alors, avant que le monteur ne rentre en action, regardons d’un peu plus près ce que deviennent les images tournées sur le plateau.

Backup

Les membres de l’équipe de post-production sont rarement présents sur le tournage. Il revient alors souvent au second assistant caméra de sauvegarder les rushes tournés pendant la journée, avant de les envoyer au laboratoire.

Le laboratoire a pour mission de dupliquer les rushes en vue d’un stockage de sécurité.

Il fournit également à l’assistant monteur image un rapport labo mentionnant toutes les infos concernant les rushes de la journée : date de tournage, numéro de jour de tournage, date de transfert au labo, durée totale des prises, nombres de clips tournés, noms et nombre de cartes de stockage utilisées, durée des prises, timecode, commentaires sur d’éventuels défauts (pixel mort, prise floue, flare, bug d’enregistrement, prise sonore ou muette…)

Extrait d’un rapport labo

Traitement

Le laboratoire peut appliquer aux rushes un pré-étalonnage, en accord avec le directeur de la photographie, et en fonction des LUT (LookUp Table, ou Tables de Correspondance en français) choisies sur le tournage.

Les images tournées par la caméra sur le plateau le sont sans compression numérique, leur qualité est optimale, elles sont brutes (on parle de fichiers RAW). Le fichier numérique correspondant enregistré sur la carte occupe alors un volume démesuré (environ 1 000 Go pour 1h de film full HD), et ne peut être traité tel quel en salle de montage (les ordinateurs ne sont pas encore assez puissants pour lire et travailler des images non compressées).

Le labo est donc chargé de fournir à l’assistant monteur image des rushes transcodés (et pré-étalonnés), c’est-à-dire dont la qualité sera moindre, et dont le format de fichier (conteneur et codec) sera optimisé pour le logiciel de montage utilisé (pour le cinéma, majoritairement Avid Media Composer).

Préparation pour le monteur

L’assistant monteur image peut ensuite synchroniser ces rushes transcodés avec les sons correspondants transmis par l’ingénieur du son.

Les rushes sont d’abord triés par jour de tournage, puis par numéros de séquences correspondant au scénario. L’assistant monteur image visionne ensuite l’intégralité des rushes tournés, en annotant des commentaires si nécessaire (problèmes relevés sur les rapports scripte ou labo, techniciens ou matériel dans le champ, plusieurs prises dans un même clip…), et en mettant en évidence les prises cerclées par la scripte, ainsi que d’éventuels plans nécessitant des effets visuels.

De cette façon, l’équipe de montage peut travailler rapidement et efficacement, en ayant un accès facilité à un maximum d’informations essentielles.

Avec le numérique, un nouveau métier du cinéma est apparu sur les plateaux de tournage : DIT (Digital Imaging Technician).

Son rôle peut rassembler l’ensemble des étapes vues précédemment (backup, application d’un pré-étalonnage, transcodage, synchronisation du son et envoi au montage), la différence étant qu’il les effectue directement sur le tournage en fin de journée. Il est parfois assisté d’un data manager lorsque le volume de rushes à traiter est trop important.

Conformation

Si toute l’étape du montage image se passe avec des rushes transcodés, les rushes natifs de pleine qualité sont réintégrés dans le film une fois le montage verrouillé. Cette étape s’appelle la conformation. C’est à ce moment que sont intégrés les effets visuels définitifs, et c’est également sur ces images non compressées qu’est appliqué l’étalonnage final.

Une fois le montage son et le mixage achevés, le film est prêt pour être édité en DCP (Digital Cinema Package), le format utilisé sur les copies disque dur projetées au public dans les cinémas.

Publié le 16 septembre 2018. Dernière mise à jour le 10 août 2019.

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